François de Champlain, urgentologue et président du conseil d’administration de la Fondation Jacques-de Champlain, ainsi que 18 signataires* |
Chaque année en février, le mois du cœur bat son plein.
Chaque année en février, on attire l’attention sur l’importance de la santé cardiovasculaire et sur ce qui doit être fait pour réduire les risques de maladie cardiovasculaire.
Chaque année à la fin février, le mois du cœur se termine, puis on passe à autre chose.
Pourtant, on doit rappeler qu’une personne subit un arrêt cardiorespiratoire (ACR) chaque 12 minutes, soit près de 45 000 chaque année au Canada. 85% de ces ACR surviennent à l’extérieur des centres hospitaliers, soit à la maison ou dans des endroits publics.
On doit aussi savoir que les chances de survie diminuent de 7 à 10% par minute après un ACR. L’intervention citoyenne à l’aide d’un défibrillateur externe automatisé (DEA) et des manœuvres de réanimation pratiquées dans les premières minutes suivant un arrêt cardiorespiratoire, et avant l’arrivée des services préhospitalier d’urgence, représentent les déterminants les plus importants pour la survie.
Cela dit, un DEA est utilisé avant l’arrivée des services d’urgence dans seulement 8% des ACR au Canada. Après 12 minutes sans l’utilisation d’un défibrillateur, les chances de survie tombent à moins de 5%. Même dans les grandes villes, il faut souvent compter 8 minutes avant l’arrivée des paramédics et le délai atteint 13 minutes en moyenne pour l’ensemble du Québec.
Sachez qu’un DEA est très simple d’utilisation, qu’on n’a pas besoin d’être un professionnel de la santé pour s’en servir, qu’il est conçu pour que n’importe qui puisse intervenir rapidement pour aider une victime d’ACR, avec ou sans formation préalable.
Sachez aussi qu’on peut enregistrer gratuitement son DEA pour le rendre accessible rapidement en cas d’urgence. À ce jour, 5639 DEA situées dans des lieux publics sont répertoriés dans le registre DEA-Québec.
Cette année, la contribution financière du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) permet à la Fondation Jacques-de Champlain d’optimiser la mise à jour et le déploiement du registre provincial en plus d’arrimer ses données avec les centres de communication santé du 9-1-1. Cet appui du MSSS signifie, par le fait même, l’amélioration de l’application mobile DEA-Québec, un outil gratuit complémentaire au registre qui permet à tous de localiser en direct le DEA le plus près en plus de fournir des informations concernant la réanimation cardiorespiratoire. Nous avons aussi collaboré au lancement du projet pilote lié à l’installation de 100 DEA à proximité de guichets automatiques des institutions financières de la Banque Nationale et de Desjardins qui sont accessibles 24 heures par jour, 7 jours sur 7. En fonction des résultats, il est prévu que 900 DEA supplémentaires soient installés à des endroits stratégiques pour assurer une couverture encore plus efficace et optimale.
Il s’agit d’avancées majeures.
Cela dit, on doit continuer de réduire le « facteur chance » de survie des Québécoises et des Québécois en militant pour un accès universel à la défibrillation, dont la mise en place d’une législation spécifique qui assurerait la présence de DEA dans plusieurs lieux désignés ainsi qu’un enregistrement au registre DEA-Québec.
Parce qu’un DEA enregistré peut sauver une vie!
* Cosignataires : Eddy Afram, Elizabeth Branco, Simon Cardinal, Olivier Cléroux, Dre Valérie Homier, Jean-François Kuersteiner, Chantal Lanthier, W. Robert Laurier, Jean-Philippe Larose, Véronique Lavoie, Marie-Ève-Lyne Michel, Laurent Morisset, Dr Joel Neves Briard, Nancy Pelletier, Yves Sauvé et Dr Wayne John Smith, membres de l’équipe et du conseil d’administration de la Fondation Jacques-de Champlain, ainsi que Marion Artaud, Stéphane Demers, Katrysha Gellis et Didier Schraenen, survivant.es d’un ACR grâce à une intervention impliquant un DEA.
Cette lettre a également été publiée le 28 février 2023 dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec.